Déclaration sur les changements climatiques et la solidarité avec le Pakistan

XXVI Congrès de l'Internationale Socialiste, Madrid

25-27 Novembre 2022

1. Le Conseil de l’Internationale Socialiste s’est réuni à Madrid du 25 au 27 novembre 2022 et a tenu des discussions sur le thème « Enrayer et inverser les changements climatiques ».

2. La lutte contre le réchauffement climatique est au cœur des activités de notre famille de l’Internationale depuis de nombreuses années, et alors que nous sommes témoins d’épisodes climatiques de plus en plus extrêmes à travers la planète, il n’a jamais été aussi impératif de réitérer l’engagement de l’IS à unir nos forces pour enrayer et inverser les changements climatiques et de renouveler notre appel à la justice climatique. L’IS est consciente que la contribution des économies en développement telles que le Pakistan aux changements climatiques est négligeable. Pourtant, elles figurent parmi les communautés et les pays les plus touchés par les phénomènes climatiques, et l’IS exprime sa solidarité au peuple pakistanais qui a été durement touché par les récentes inondations dévastatrices provoquées par les changements climatiques. Les inondations catastrophiques d’origine climatique qui ont frappé le Pakistan ont plongé un tiers du pays sous les eaux, soit 90 districts, le Baloutchistan et le Sindh étant les plus touchés, brisant la vie de plus de 33 millions de personnes, emportant la vie de 1 700 autres et provoquant des dégâts chiffrés à plus de 40 milliards de dollars dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et des infrastructures. Les Pakistanais, et les plus vulnérables d’en eux en particulier, en ont subi les conséquences avec des cultures dévastées, des maisons démolies et des vies perdues sous les eaux de ces inondations sans précédent.

3. Un engagement plus ferme était attendu au sommet de la COP27 à Charm el-Cheikh, en vain, mais les discussions ont tout de même permis d’aboutir à des accords prometteurs. Le plus prometteur d’entre eux étant le Fonds pour les « pertes et dommages » qui enverra des fonds aux nations les plus vulnérables et les plus pauvres pour les aider à se reconstruire au lendemain d’une catastrophe climatique, en une reconnaissance formelle des inégalités criantes de la crise climatique. L’IS reconnaît, avec une appréciation marquée, les efforts de nos camarades du Parti du peuple pakistanais, au gouvernement de coalition du Pakistan, non seulement pour leurs efforts démesurés pour venir en aide aux personnes sinistrées, mais également pour avoir sensibilisé la communauté internationale et avoir conduit le Groupe des 77 et la Chine à garantir un accord dans le document final de la COP27 sur la création d’un fonds de soutien aux communautés et pays vulnérables pour leur permettre de se préparer et de se relever des « pertes et dommages » provoqués par les catastrophes d’origine climatique et les phénomènes à plus lente évolution. Bien que les défis demeurent importants tant pour la mise en œuvre que pour financement de cette nouvelle étape, elle constitue néanmoins une avancée qui reconnaît les effets disproportionnés des changements climatiques, ce qui est un élément capital pour la suite.

4. La COP27 aurait dû aller bien plus loin, et l’IS ne cessera d’appeler à des engagements plus fermes dans les mois à venir. Malgré les allégations que cet accord « n’enterre pas l’objectif du 1,5 degré », le manque perpétuel de consensus pour l’atteindre est des plus préoccupants et semble réduire considérablement toute possibilité crédible d’y parvenir. Le texte de la COP27 réitère, certes, l’importance de maintenir le réchauffement climatique mondial à un seuil de 1,5 degré et reconnaît la différence notable qu’entraîne une augmentation de 2 ou de 1,5 degré en termes de répercussions climatiques, une plus grande fermeté d’action est requise.

5. À cet égard, l’IS appelle avec insistance à la mise en route rapide et complète du Fonds pour les « pertes et dommages », créé lors de la récente Conférence sur les changements climatiques des Nations Unies, la COP27, pour venir en aide aux pays les plus durement touchés par les catastrophes climatiques ;

6. L’IS appelle en outre les pays développés à garantir le financement durable, prévisible et suffisant du Fonds ;

7. L’IS souscrit au rapport 2022 du Programme des Nations Unies pour l’environnement sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, « Une fenêtre d’opportunité se referme », qui révèle dans quelle mesure les mesures prises jusqu’à présent par la communauté internationale ne sont pas à la hauteur de ce qui est requis pour atteindre les objectifs de Paris. L’IS était particulièrement découragée par l’absence d’accord visant à surpasser les ambitions de Glasgow pour passer d’une sortie progressive du charbon à celle de toutes les énergies fossiles, une étape pourtant nécessaire si nous voulons avoir la moindre chance de réduire suffisamment les émissions. En outre, les derniers engagements nationaux depuis la COP26 ne pèsent que de manière négligeable sur les émissions prévues en 2030, abandonnant le monde à une augmentation des températures qui surpassera les 2,5 degrés d’ici la fin du siècle.

8. L’IS demeure préoccupée par ces manquements et reconnaît qu’il est possible que nous ayons dépassé le point de non-retour pour limiter la hausse des températures à 1,5 degré. Les huit dernières années ont été les années les plus chaudes jamais enregistrées et la température des océans a atteint des niveaux records. Il semble incontestable que notre planète sera en proie à des phénomènes climatiques de plus en plus graves, ce qui fait clairement peser une lourde menace sur la vie. Nous constatons déjà les violations des droits humains les plus fondamentaux dans le monde entier du fait des changements climatiques, à l’instar du droit à la vie, à la santé, à l’alimentation, au développement, à l’autodétermination, à l’eau et à l’assainissement, au travail, à un logement décent et à une vie exempte de violence, d’exploitation sexuelle, de traite d’êtres humains et d’esclavage. La science du climat est de plus en plus capable de confirmer que les nombreux événements climatiques extrêmes que nous connaissons ont plus de probabilité de se produire et de manière plus intenses à cause des changements climatiques anthropiques. La seule année 2022 a connu un nombre très élevé d’événements météorologiques extrêmes, parmi lesquels les inondations dévastatrices au Pakistan, les vagues de chaleur et les feux de forêts en Europe, les sècheresses et la famine en Ouganda, en Somalie et en Éthiopie. Le Pakistan est à l’avant-poste des conséquences dévastatrices des changements climatiques. À l’instar de nombreux autres pays en développement, le Pakistan n’est pas un contributeur majeur aux changements climatiques. Il n’est responsable que de moins de 1 % des émissions de gaz à effet serre mondiales. Et pourtant, il se classe huitième pays le plus touché par le dérèglement climatique de la planète. Le fait que les pays les plus affectés par le climat affichent également une dette élevée ne fait qu’aggraver la situation. Ce qui s’est produit au Pakistan, en Ouganda, en Somalie, en Éthiopie et dans les pays européens est voué à se reproduire sous la forme d’inondations, de typhons, de cyclones, d’ouragans et même de sècheresses ailleurs dans le monde. Le temps est venu pour la communauté internationale d’unir ses forces pour mieux se préparer à l’inévitable qui se profile. Nous devons reconstruire en mieux, en plus vert, plus durable et plus résilient.

9. En ce sens, l’IS est solidaire du peuple pakistanais qui doit affronter les catastrophes climatiques et assure cette nation d’hommes et de femmes résilients de tout son soutien, et salue le courage et la résilience des habitants des zones inondées au Pakistan et leur témoigne toute sa solidarité alors qu’ils déploient des efforts héroïques pour revenir à la normale ;

10. L’IS soutient également l’appel éclair du secrétaire général de l’ONU à répondre aux besoins urgents des personnes sinistrées au Pakistan et à leur apporter une assistance sur le long terme afin de garantir la reconstruction et la réhabilitation, et exhorte les États membres de l’IS, dans un esprit de partage du fardeau, à agir par l’intermédiaire de leurs représentants parlementaires respectifs pour apporter le soutien nécessaire à nos camarades du Parti du peuple pakistanais, au gouvernement, et à la population du Pakistan ;

11. Enjoint tous les gouvernements sociaux-démocrates à apporter une aide technique, financière et de renforcement des capacités au Pakistan pour aider le pays à reconstruire en plus vert, plus durable et plus résilient.