Défendre et renforcer la démocratie: le compromis social-démocrate

Comité de l’Internationale Socialiste pour l’Amérique latine et la Caraïbe, Kingston, Jamaïque, 1-2 septembre 2000

Original: espagnol

La première condition d’une démocratie, c’est d’être un État, cequi presuppose l’idée d’autodétermination qui se projette au niveau international. Une société donnée ne pourra jamais être une démocratie, si elle est dominée ou contrôlée depuis l’étranger, d’où, en dernière instance, se prennent les décisions importantes liées à ses intérêts y compris celles relatives à l’identité nationale et culturelle.

Actuellement, il n’est pas facile de donner un sens à l’indépendance et à la souveraineté. Après la grande œuvre de la décolonisation, de nouvelles formes de dépendance surgissent, qui semblent créer une organisation mondiale portant des nouvelles et insupportables exigences pour les membres les plus faibles du système international. Ses séquelles sont bien connues: la diminution de l’indépendance politique des moins puissants et un ordre économique de plus en plus injuste.

Ainsi, l’inviolabilité des droits civils au sein des pays du centre n’est pas toujours présente au niveau international, lorsqu’il s’agit du respect des droits des peuples à l’autodétermination. Le discours égalitaire à usage interne ne trouve pas son prolongement dans la version externe de l’égalité des Etats et du conséquent respect de leurs souverainetés.

Le Comité de l’Internationale Socialiste pour l’Amérique Latine et la Caraïbe (SICLAC) souhaite que les convictions qui accompagnent la lutte sociale-démocrate ne s’arrêtent pas aux frontières d’aucun pays afin que tous militent pour la justice universelle, à une époque où la déraison qui semble dominer le scénario international se manifeste d’une manière frustedans la situation économique mondiale, élargissant le fossé qui sépare un centre de plus en plus puissant et une périphérie de plus en plus pauvre.

Cependant, d’un autre côté, vu qu’il n’existe pas de démocratie sans indépendance nationale, il n’y a pas de véritable indépendance sans un contrôle effectif de l’Etat sur les affaires internes des pays; cette indépendance s’affaiblit au point de disparaître en raison des intérêts étrangers à ceux des grandes majorités. Le SICLAC a toujours su que les dites libertés négatives, celles qui protégaientle citoyen face à l’Etat n’étaient pas suffisantes. Le problème est que les libertés positives, qui protègent les droits sociaux, ont tendance à disparaître.

Face à ceux qui insistent à utiliser le concept de société civile, on tientà souligner que l’acception que préfèrent les néo-conservateurs, correspond à un espace non étatique, garanti par la loi afin d’éviter l’ingérence de l’Etat; mais, néanmoins, sous la domination du pouvoir économique et dans les pays de la périphérie, sous la domination des familles traditionnelles. Une domination qui consacre le statut des inégalités sociales. Le néo-conservatisme veut le type de liberté qui maintiendra les inégalités existantes et - si les conditions sociales et l’action politique le permettent - qui rétablira les inégalités éradiquées après un siècle de réformes sociales. Il y aurait un espace interdit, ou épuisé, pour la politique, laquelle ne pourrait pas outrepasser certaines limites. Pour tous ceux qui pensent que la politique est avant tout un débat, cette idée pourrait paraître absurde. La société apolitique ne serait pas une distorsion, produit de l’extension d’attitudes antinomiques, apathiques, égoïstes, ou simplement indifférentes, mais quelque chose pour laquelle il vaut la peine de lutter, une conquête à réaliser.

Mais, cette remarque ne veut pas dire pour autant que l’émergence d’organisations intermédiaires les plus diverses, qui génèrent toujours des formes importantes et variées de participation, ne soit pas positive. Les partis politiques doivent adopter une attitude positive à leur égard, en évitant la concurrence, tout en s’assurant que les solutions nationales authentiques découlent d’analyses pluridisciplinaires qui exigent parfois un consensus, y compris entre ces genres de mouvements. Par ailleurs, le SICLAC accorde une importance fondamentale au secteur tertiaire de l’économie, qui en plus des ONG comprend les coopératives, les mutuelles et le volontariat en général, irremplaçables dans la généralisation d’une pratique solidaire et dans la lutte contre le chômage.

La situation est devenue invivable pour unegrande partie de nos peuples et ce problème touche les travailleurs et la classe moyenne, alors que la redistribution devient difficile et qu’augmentent de façon alarmante le chômage et la dette.

Aujourd’hui, il faut élargir le concept de citoyenneté par le biais de la reconnaissance du droit à l’inclusion, basé sur l’idée de l’insertion et de l’intégration sociale. Tout ceci implique relier les droits sociaux aux obligations morales, expérimenter de nouvelles formes de l’offre de travail, perfectionner les systèmes éducatifs et de formation professionnelle et développer un espace intermédiaire entre l’emploi salarié et l’activité sociale, dont l’objectif doit être de lutter contre l’exclusion, qui élimine l’auto-estime et rend impossible la participation. Nous éloignerons, ainsi, le danger du populisme, qui est une grave déformation de la démocratie, produit de ses erreurs et de ses limites, instrument utile pour mobiliser de façon démagogique et trompeuse les secteurs dépossédés et laissés de côté, ce qui, du point de vue de la liberté, a toujours constitué une régression.

Le SICLAC déclare que le droit aux libertés individuelles est un piège si l’égalité n’est pas considerée.L’égalité politique qui suppose une distribution économique et une distribution de la connaissance. Il n’est pas possible de séparer la liberté de l’égalité. Le dogmatisme des théories néolibérales consiste à penser que c’est possible et à soutenir que les deux sont contradictoires et s’excluent. Cependant, on sait parfaitement - et cela parce que la réalité le rappelle constamment - qu’il ne suffit pas de proclamer et d’assurer constitutionnellement et par le biais de lois positives, la liberté civile et politique des citoyens. Le SICLAC sait que cette reconnaissance ne peut être que formelle, car l’utilisation dont le marginal et le dépossédé pourront en faire n’est pas la même que celle qui est donnée au citoyen satisfait. Il est vrai qu’il faut un grand nombre de libertés négatives afin de pouvoir exercer de façon positive la liberté et protéger contre le despotisme ou l’arbitraire; mais, cette garantie ne suffit pas. Sans éducation, sans santé, sans travail, sans tout ce qui fait d’une personne une personne normale, il est très difficile de jouir de la liberté.

De tout ceci découle une conclusion éthique importante: les opportunités pour pouvoir atteindre ces biens doivent être distribuées de façon équitable entre elles et il suit de là quele processus démocratique acquiert l’extraordinaire importance d’être une exigence de la justice distributive.

D’autre part, la participation, ainsi obtenue, renforce les processus qui promeuvent les vertus citoyennes, qui ont toujours été considérées comme étant indispensables à l’établissement d’un bon système politique.

Le SICLAC met l’accent sur la relation existant entre la liberté d’expression et la participation, car ceci fait que les décisions collectives soient prises dans le cadre d’un large débat et de discussions publiques, ce qui mène à une conception plus large de la liberté d’expression, qui a deux dimensions: l’une négative et l’autre positive. En fonction de la première, on doit interdire toute action la réduisant, comme par exemple la censure, la fermeture des médias, la persécution de journalistes ou les pressions de tous genres. Son corrélât est l’obligation de diffuser une information véritable et objective, sans préjudice du respect à la liberté d’opinion de la personne qui émet cette opinion. La seconde comprend une action positive de l’Etat tendant à fournir la plus grande pluralité possible en matière d’information. Le droit à l’information comprend les droits à rechercher, à recevoir et à diffuser l’information et les opinions par le biais des différents types de médias.

Le SICLAC est d’accord avec ceux qui soutiennent qu’une communication monopolique ou oligopolique est propre à l’autoritarisme, alors qu’une circulation multiple de l’information est un instrument indispensable de la démocratie, et qu’un équilibre adéquat entre les médias commerciaux, communautaires et gouvernementaux satisferait la demande d’une discussion plus libre et rationnelle et éviterait, qu’à cause de son omission, on renforce les intérêts éloignés des idées majoritaires.

Le sens de la responsabilité implique la volonté de participation, qui est un mouvement destiné à agrandir les espaces de liberté, de bien-être et de relation humaine. On ne peut pas l’imposer à partir de facteurs externes à la vie même de ceux qui y participent, mais il a besoin de l’encouragement et de l’appui de l’ensemble des institutions publiques et privées.

Il s’agit d’un mouvement qui entraîne des changements dans la mentalité collective et, par conséquent, dans les institutions. Ces changements sont destinés à promouvoir l’intégration des citoyens entre eux, ainsi qu’entre ceux-ci et leurs organismes représentatifs et à récupérer la solidarité et le sens de l’union nationale.

Le concept de cette démocratie participative représente une extension et une intensification du concept moderne de démocratie et ne s’oppose absolument pas à celui de la démocratie. Toute démocratie est formelle, car elle implique des normes et des règles en vue de maîtriser, de délimiter et d’organiser l’activité politique et le fonctionnement des institutions de l’Etat et de la société. Et, par définition, toute démocratie implique également la participation des citoyens aux décisions politiques. Il faut rappeler qu’à Athènes, celui qui ne participait pas de façon active aux problèmes de la ville était considéré comme étant un idiot. De la même façon, un peuple qui ne veut plus rien, qui ignore ce qu’il veut et qui n’est plus capable de désirer quoique ce soit, se transforme en un peuple prêt à adopter n’importe quelle idéologie. La crise sociale réside en cette potentialité.

Le SICLAC insiste sur le fait que la démocratie se fonde sur deux piliers: la liberté et l’égalité. Il est d’accord avec ceux qui affirment que l’égalité se fonde sur des mécanismes de redistribution qui peuvent rendre effectifs une réallocation permanente des biens primaires et un accès égal aux services collectifs: logement, éducation, santé, etc.; il est également d’accord avec ceux qui affirment que s’il est vrai que la justice existe en tant que valeur absolue, le contenu de l’éthique sociale, c’est-à-dire l’ensemble des valeurs qui privilégie une société déterminée, qui varie selon les circonstances, se concrétise dans la législation qui doit les exprimer. Et, le fait que la loi concrétise ces valeurs présuppose l’existence de la démocratie et le Droit qu’elle crée ouvre une voie réformiste vers le socialisme démocratique en établissantla légalité qui exprime les désirs de la société et en recevant d’elle la légitimité correspondante.

Le SICLAC pense,en dernière instance, que l’injustice sociale et la transformation nécessaire des structures économiques et sociales sont dues principalement à des déséquilibres moraux: égoïsme, avarice, manque d’amour chez l’homme, dont la réforme ne pourra être menée à bien que par le biais de l’éducation, qui encourage une morale austère, la tolérance, l’honnêteté intellectuelle, le sens de la responsabilité, la dignité et, surtout, la compréhension de la valeur sacrée de la personne. Le réaménagement démocratique a besoin de l’aide de tous depuis leur lieu de travail et depuis leur degré respectif de responsabilité en vue de trouver des cadres d’action commune,aussi bien en ce qui concerne la distribution des ressources que leur élaboration. Les règles de cohabitation, les valeurs consensuellement acceptées et les cours d’action commune constituent l’essence de cette étape de formation que nous traversons, en vue d’atteindre un horizon ouvert qui apparaît déjà, mais de beaucoup trop loin encore.

L’appel lancé en vue d’obtenir une convergence des forces politiques et la concertation des forces sociales dans le cadre d’un pacte démocratique créateur de cette nouvelle étape ne fait qu’interpréter le désir et les attentes fondamentales pour les peuples en cet instant historique. Pour faire face à ces défis, on a besoin d’une nouvelle capacité collective de coopération et de participation bien disposée à enlever les anciennes tares, les structures injustes et les comportements caduques. Des transformations profondes sont nécessaires et SICLAC est prêt à les réaliser, avec la volonté populaire qui est décidée à les réaliser et à les renforcer.

Le système représentatif implique que ladémocratie n’est pas possible sans partis, sans acteurs vraiment politiques. On a très souvent dit que les accords entre différents partis font disparaître les aspects les plus "innégociables" de chacun ou qu’ils les mènent à adopter une attitude centriste. Cependant, leSICLAC pense que les accords inter-partis commencent à être nécessaires, afin d’acquérir l’efficacité indispensable pour pouvoir défendre les composantes démocratiques de l’institutionnalité, dépassées par l’influence des secteurs économiques les plus important ainsi que par les moyens massifs de diffusion mis à leur service. Evidemment, tout ceci a trait à ce que l’on appelle communément les partis "progressistes", terme sans aucun doute ambigu, mais exprimant suffisamment ce qu’on essaie de dire, car les partis de droite se font plus facilement à cette nouvelle situation, alors que d’autres adoptent des formulations hybrides de populisme ou de "qualunquisme".

Le SICLAC réaffirme que sa conception d’une société juste, conçue en tant qu’alternative à la crise, suppose un pacte social qui s’articule par le biais de la projection de deux principes: celui de la liberté et celui de l’égalité. A ce sujet, il faut accepter que la valeur de la liberté dépend de sa propre distribution et que la valeur de l’égalité dépend de ce que l’on distribue de façon égalitaire. D’une part, tous ont le même droit à jouir effectivement de la liberté; d’autre part, la distribution égalitaire doit inclure toutes les ressources nécessaires pour le plein exercice de la liberté. De cette façon, la soit disant tension entre la liberté et l’égalité pourra disparaître par le biais d’une distribution égalitaire de la liberté.

Ceci est le noyau d’une éthique de la solidarité. La liberté distribuée de façon équitable implique le devoir d’améliorer la situation des moins favorisés. Cela suppose, également, avoir une optique large des droits de la personne, que l’on viole par le biais non seulement d’agressions directes, mais également parce que l’on ne fournit pas les ressources nécessaires pour pouvoir mener une vie digne et autonome. Nous sommes d’accord avec ceux qui montrent l’impossibilité de rendre compatibles l’égalité et une conception économique qui génère à chaque fois de plus grandes inégalités.

Sous de nombreux aspects, toute société a été et, jusqu’à un certain point, continue d’être une société fortement influencée par l’égoïsme de ses classes dirigeantes; une certaine pensée individualiste croit encore que l’harmonie sociale est possible en encourageant cet égoïsme. Cet égoïsme a affaibli la solidarité sociale, en donnant naissance à des situations de détresse et de peur qui ont rendusles personnes particulièrement perméables aux pseudo-solutions messianiques - populistes et autres - dans lesquelles l’individu isolé recherche une instance dans laquelle il puisse se reconnaître et derrière laquelle se protéger. L’égoïsme a été ainsi un bouillon de culture aussi bien de l’autoritarisme pseudo-libéral que du messianisme populiste. Pour lutter contre ces voies sans issue, il faut affirmer une éthique de la solidarité, qui cherche à mettre l’accent sur l’harmonie de l’innovation, si souvent dévalorisée par l’égoïsme.

Le SICLAC pense qu’une éthique de la solidarité implique que la société soit considérée sous le point de vue de celui qui se trouve en désavantage quant à la distribution de talents et de richesses. Au sein d’une société chaque jour plus complexe, dans laquelle se heurtent de multiples intérêts et les mécanismes corporatifs de relation sociale sont périmés, il faut imaginer et construire un système d’équité sociale dans l’organisation démocratique de la société et d’égalité dans la recherche de la réalisation personnelle.

C’est là où le SICLAC fait appel au pacte démocratique, c’est-à-dire à un accord qui, tout en sauvegardant l’autonomie des sujets sociaux, définisse également un cadre partagé dans lequel les conflits puissent être traités et résolus et les différences puissent cohabiter sur un plan de mutuelle tolérance. Afin de présenter une version valable du pacte démocratique conciliable avec une éthique de la solidarité, il faut enrichir et, par conséquent, redéfinir la notion traditionnelle de citoyen - ou de citoyenneté - tout en reconnaissant qu’elle englobe, en plus de l’égalité juridico-politique formelle, beaucoup d’autres aspects, liés à l’être et à l’avoir des hommes, c’est-à-dire avec la distribution naturelle des capacités et avec la distribution sociale des ressources. Il est évident qu’il existe une distribution naturelle inégale. Il existe, également, une distribution sociale et historique inégale des richesses, des statuts et des bénéfices. Ces inégalités ont des conséquences qui sont incohérentes ou contradictoires au fait de reconnaître tous les citoyens en tant que membre ayant une dignité égale au sein de la coopération sociale.

Cette reconnaissance élargit le sens des droits de la personne, qui sont violés non seulement par les interférences actives contre la vie, la liberté et les biens des personnes, mais également par le fait qu’on ne leur offre pas les opportunités et les ressources nécessaires en vue d’accéder à une vie digne. Un pacte démocratique fondé sur cette éthique de la solidarité présuppose la volonté décidée qu’il soit régi par des conditions assurant la plus grande justice sociale possible et, par conséquent, reconnaît la nécessité d’aider les plus défavorisés.

Le SICLAC défend une modernisation indispensable qui soit concorde aux prémisses et aux conditions du projet de société que nous proposons. Il veut mettre en œuvre un processus de modernisation qui, peu à peu, tende à augmenter le bien-être général, de telle façon que la société, dans son ensemble, puisse bénéficier de ses fruits.

Une modernisation qui est conçue et pratiquée purement et exclusivement dans le but de réduire les coûts, de préserver la concurrence et d’augmenter les gains est une modernisation étroite quant à sa conception et, de plus, socialement injuste, car elle laisse complètement de côté les conséquences que les changements, qu’elle a amenés, produiront sur le bien-être de ceux qui travaillent et de la société dans son ensemble.

Face à une modernisation fondée sur le renforcement des pouvoirs privés et une autre fondée sur le renforcement des pouvoirs de l’Etat, la modernisation démocratique et solidaire suppose de renforcer les pouvoirs de la société constitués de façon autonome.

Décentraliser le fonctionnement de l’Etat signifie l’ouvrir en même temps à des formes de participation qui seront d’autant plus solides que son degré de décentralisation sera plus élevé. Décentraliser constitue un mouvement non seulement centrifuge, mais aussi vers le bas, plaçant l’administration de l’Etat à des niveaux qui puissent permettre à des organisations sociales intermédiaires de jouer un rôle inconcevable au sein d’un système fortement concentré.

Ceci permet aux citoyens de participer aux décisions les concernant au sein d’institutions proches de leur champ d’action. Dans la mesure où ces institutions jouissent d’un pouvoir effectif, cette participation ne sera pas seulement un pur exercice de civisme, mais aura des effets importants pour la vie des individus qui assumeront leur rôle d’acteurs avec plus d’intensité et, par conséquent, de gardiens du système démocratique.

En définitive, la démocratie est la lutte permanente pour l’élargissement et le renforcement des droits de la personne et, à ce moment précis de l’histoire, alors que démarre une nouvelle étape dans l’organisation du travail collectif, due à l’incorporation de technologies qui modifient brutalement les méthodes et les structures en vigueur lors des siècles passés, devra être également la règle de coexistence entre les différents peuples et régions du monde.

Une démocratie solide et durable pour chacune des société ne pourra pas exister si l’organisation politique et économique internationale n’est pas régie par les mêmes principes et les mêmes valeurs. La coexistence des pays riches et des pays pauvres, des pays organisés librement et des pays soumis à l’autoritarisme est incompatible avec le fonctionnement d’une société internationale pacifique et harmonieuse, une société dans laquelle les mécanismes d’interrelations économiques et les systèmes modernes de communication ont déjà converties en réalité irrévocable. Cette société internationale, qui, pour la première fois dans l’histoire, comprend l’ensemble de l’humanité reliée entre elle et interdépendante de manière aussi globale et irréversible, doit être aussi une société solidaire.

Si la défense des droits de la personne implique non seulement l’opposition aux interférences actives à l’encontre de la vie, de la liberté et de l’intégrité des individus, mais aussi à l’encontre de la disponibilité des ressources et des opportunités pour qu’ils puissent déployer au maximum leurs capacités, les relations entre les peuples ne peuvent ni ne doivent se fonder sur une distribution inégale de ressources et des opportunités pour leur propre développement. Vu qu’il empêche ou limite la croissance de tant de pays du monde, l’ordre économique international actuel est un ordre se préoccupant peu des droits de la personne et des idéaux de la grande révolution démocratique dans laquelle nous sommes impliqués.

Le SICLAC réaffirme son utopie: il souhaite une démocratie où tous puissent disposer des moyens indispensables en vue d’agir politiquement à un niveau tolérable d’égalité en garantissant à tous les droits, les opportunités et les obligations nécessaires pour leur propre existence.

La démocratie, que le SICLAC souhaite construire et protéger, se définit comme étant un Etat souverain et un Etat de droit respectueux de la division des pouvoirs, qui protège les hommes et les femmes qui peuplent notre planète, qui garantit la possibilité de l’alternance, qui tient compte de la diversité et de la pluralité propre à une société moderne, qui reconnaît et qui travaille sur les conditions qui provoquent et augmentent les inégalités et les exclusions. Il faut savoir que si la diversité est niée, cela pervertira de façon autoritaire la démocratie; que si l’existence des inégalités, de l’exclusion et des injustices est également niée, il ne restera plus que l’enveloppe démocratique des institutions.

La société, ainsi conçue, constitue le ciment sur lequel on doit bâtir et renforcer la liberté, l’égalité et les réformes économiques. Parce que une société est une communauté d’hommes et de femmes respectés et qui respectent les autres; qu’ils sont citoyens parce qu’ils sont capables d’exprimer leur volonté et de s’associer à cette fin. La citoyenneté n’est pas une condition passive, c’est une opportunité, une possibilité de mener une vie active, participative et responsable dans le processus politique, sur le marché du travail et au sein de la société. Les femmes et les hommes de nos régions, qui y travaillent, y vivent, y souffrent et y rêvent en tant que citoyens, jouent un rôle fondamental dans la consolidation de la démocratie naissante; mais, il est nécessaire que ces citoyens voient cette démocratie de plus près, dans de leurs expériences quotidiennes, dans la qualité matérielle et spirituelle de leurs propres vies, dans leurs relations face à face avec les autres, dans le travail et dans le repos, sur la place publique, dans les rues qu’ils parcourent chaque jour, dans le quartier où ils vivent, dans leur vécu quotidien et souvent oublié de leurs proches et de leurs familles. Pour cette raison, la démocratie large, profonde et participative, que nous souhaitons, devra être une démocratie vécue et exercée chaque jour par tous.