Réunion du Comité Afrique de l'Internationale Socialiste, Maputo

0-4 septembre 1999

C'est à Maputo, au Mozambique, que s'est réuni le Comité Afrique les 3-4 septembre. La réunion accueillie par Frelimo était présidée par Ousmane Tanor Dieng, président du Comité et Ministre d'Etat, Parti Socialiste, Sénégal. La réunion s'est intéressée à deux thèmes principaux: "Promouvoir la social-démocrate en Afrique" et "Contribuer à la résolution des conflits dans la région".

Lorsqu'il a ouvert la réunion, Luis Ayala, Secrétaire Général de l'IS, s’est déclaré très encouragé par les développements positifs au Mozambique et a réaffirmé l'engagement de l'Internationale à poursuivre ses efforts pour renforcer la démocratie dans la région et pour exprimer de plus en plus fort les véritables problèmes de l'Afrique grâce à sa grandissante sur ce continent.

Ousmane Tanor Dieng a réfléchi sur les défis de la mondialisation auxquels le continent africain est confronté: "Le sens dans lequel va le processus actuel de mondialisation montre assez ce qu'un marché non tenu peut avoir de pervers pour l'intérêt bien compris de la communauté des nations et des hommes en général" a-t-il affirmé. Il a dit que le Comité devait examiner les questions politiques, économiques, sociales, culturelles, régionales et locales afin de d’aborder à fond les problèmes des Africains aujourd'hui.

Le Président Joaquim Chissano a accueilli les participants, déclarant que les sujets de débat du Comité: la paix, la démocratie, le développement et la mondialisation étaient des thèmes extrêmement pertinents et importants à l'heure actuelle dans la vie des citoyens africains. Le Mozambique, a poursuivi le Président, a réussi à mettre derrière lui des périodes difficiles de son histoire, et avant même les secondes élections multipartites du 3-4 décembre 1999 la démocratie était un processus vraiment irréversible dans son pays.

Manuel Tomé, secrétaire général de Frelimo, a introduit le premier thème principal, présentant les principaux domaines problématiques au niveau du développement de la social démocratie en Afrique: l'histoire du continent; la constitution des Etats nations; le rôle des partis au pouvoir et ceux de l'opposition; et la liberté d'expression et de la presse.

A l'issue de ses débats, le Comité a émis la "Déclaration de Maputo" qui aborde les principales préoccupations de l'Afrique dans les domaines de la démocratie, de la paix, du développement et de la mondialisation. La Déclaration a pris en compte l'importance de nombreux facteurs, y compris celle de la démocratie pour le développement socio-économique et culturel, celle des stratégies de bonne gouvernabilité et celle du besoin de tolérance, de liberté d'association, d'information, d'expression de tous les citoyens et de la société civile dans son ensemble, ainsi que de l'acceptation du principe d'alternance démocratique du pouvoir, du dialogue et de la tolérance. Le Comité a réaffirmé son engagement envers la solidarité collective et encouragea "les partis membres de l'Internationale Socialiste en Afrique et ailleurs dans le monde, à adopter des politiques visant à alléger les problèmes de leurs peuples afin de leur permettre de développer leur capacités dans un environnement de paix et dans lequel les institutions fonctionnent convenablement".

La Déclaration a exprimé sa profonde inquiétude quant à la situation de conflits armés qui se déroulent sur le continent africain et réaffirma sa solidarité avec "tous les peuples d'Afrique auxquels il est actuellement refusé l’opportunité de vivre en paix", ajoutant que la communauté internationale doit assumer ses responsabilités afin de promouvoir et sauvegarder une culture de paix. Le Comité en a appelé à tous ses membres pour promouvoir des actions concrètes et des propositions pour faire progresser l'intégration dans la région et s'est engagé à poursuivre ses initiatives afin d’éviter les conflits, à soutenir ses membres qui subissent actuellement leurs conséquences et à envoyer des missions visant à contribuer à la résolution pacifique de ces conflits.

Le Comité a examiné en détail les contraintes qui entravent le développement en Afrique, notant que "la mondialisation est un processus irréversible et inévitable auquel nous devons tous nous préparer... les gouvernements africains doivent acquérir les compétences nécessaires pour suivre le rythme du développement et se préparer à l'avènement de la mondialisation". A cause de la concurrence généralisée entre multinationales, on pense que l'Afrique est restée en marge du développement. Le Comité a donc fait une série de recommandations qui comportaient la création de conditions d'accords entre gouvernements et groupes sociaux influents, la promotion de services de qualité pour la santé et l'éducation pour éviter le SIDA, protégeant ainsi les ressources humaines des pays de la région. En ce qui concerne la stimulation économique, les investissements de capitaux, internes et externes, devraient être encouragés et il faudrait donner la priorité aux politiques de lutte contre la pauvreté et la destitution. En outre: "les pays africains devraient faire des efforts pour équiper et capitaliser les organisations économiques, sociales et culturelles régionales et sous-régionales afin qu’elles s’intègrent d’une façon plus active et plus dynamique", et, les pays devraient travailler ensemble pour obtenir l'annulation de la dette extérieure.

Le Comité a également écouté des rapports sur des situations nationales spécifiques, notamment l'Angola, le Cap-Vert, le Gabon, le Malawi, l'Afrique du Sud et le Kenya. Ayant reçu un rapport sur les événements en Angola, le Comité a adopté une résolution considérant que Jonas Savimbi, par son comportement, comme reconnu par l'Organisation de l'unité africaine (OAU) et la Communauté du développement d’afrique du sud (SADC) a cessé d'être un interlocuteur valable pour la recherche d'une solution au conflit en Angola. Le Comité a exprimé sa solidarité avec le peuple angolais et avec "ses efforts visant à renforcer l'autorité démocratique de l'Etat par l’établissement de la paix et le soutien politique et diplomatique indispensable". La résolution a affirmé le soutien du Comité et sa solidarité au Gouvernement de l’Angola dans ses efforts d’affirmer son autorité sur tout le territoire et a fait appel à tous les partis membres de l'Internationale Socialiste pour offrir l’aide humanitaire qui pourrait être demandée par le Gouvernement angolais.

Le Comité a adopté des résolutions exprimant son soutien continu à Alpha Condé, secrétaire général du Rassemblement du Peuple de Guinée, RPG, exigeant encore une fois sa libération, afin d'établir un climat de coopération indispensable au redressement économique du pays.

Le Comité a accepté également à l'unanimité d'organiser en 2000 une Conférence de l'Internationale Socialiste pour la Paix en Afrique.